Circulaire DGAS/SDA n° 2002-595 du 10 décembre 2002 relative aux maisons relais

publié le 29 août 2014

Ministère des affaires sociales, du travail et de la solidarité
Secrétariat d’Etat à la lutte contre la précarité et l’exclusion

Ministère de l’équipement, des transports, du logement, du tourisme et de la mer

NOR : SANA0230597C

Références :

Décret no 94-1128 du 23 décembre 1994 modifiant l’article R. 331-1 du CCH ;

Décret no 94-1130 du 23 décembre 1994 modifiant l’article R. 351-55 du CCH ;

Décret no 94-1129 du 23 décembre 1994 créant les articles R. 353-165-1 à 165-12 du CCH.

La présente circulaire a pour but d’engager le développement d’une offre alternative de logement pour des personnes en situation de grande exclusion. Elle doit leur permettre une réadaptation à la vie sociale dans un environnement chaleureux et convivial, dans la perspective de leur faire retrouver tous les aspects de la citoyenneté.

Les personnes qui ont connu la rue, ou qui, plus généralement, sont fortement désocialisées, éprouvent de grandes difficultés à s’adapter à un logement individuel. Elles ont besoin, très souvent, d’un temps de réadaptation à la vie quotidienne. Cette période, qui peut s’inscrire dans une perspective durable, réclame de s’accomplir dans des lieux porteurs de sens et dans lesquels elles peuvent reconstituer des liens sociaux, culturels, affectifs et redevenir des citoyens insérés dans un quartier, dans une commune à la vie desquels ils peuvent participer.

Concrètement, il s’agit de répondre aux besoins des personnes qui, sans nécessiter un accompagnement social lourd, ne peuvent, du fait de leur isolement social et affectif, trouver immédiatement un équilibre de vie dans un logement individuel autonome.

Dans cet esprit, une circulaire en date du 21 avril 1997 a lancé un programme expérimental de création de « pensions de familles » sur la base d’un appel à projets.

L’appel à projets prévoyait que ces maisons relais, dénommées alors pensions de famille, qui constituent une modalité particulière de résidence sociale, devaient permettre de stabiliser ces personnes dans un habitat durable de type communautaire et de petite taille.

L’évaluation positive de l’expérimentation, tant dans ses dimensions sociales qu’économiques, permet d’envisager le lancement d’un programme beaucoup plus ambitieux, conduisant à la création sur l’ensemble du territoire national d’environ deux cents maisons relais d’une capacité moyenne de 25 places, soit un total de 5 000 places. L’implantation des projets s’inscrira dans une analyse des besoins relevant des plans départementaux d’action pour le logement des personnes défavorisées (PDALPD).

A cette fin, une annexe technique, précisant les conditions de montage des projets, est ajoutée à la présente circulaire.

I. Objectifs et cadre réglementaire des maisons relais

La maison relais est destinée à l’accueil de personnes à faible niveau de ressources, dans une situation d’isolement ou d’exclusion lourde, et dont la situation sociale et psychologique, voire psychiatrique, rend impossible à échéance prévisible leur accès à un logement ordinaire.

Les maisons relais s’adressent de manière privilégiée aux personnes fréquentant ou ayant fréquenté de façon répétitive les structures d’hébergement provisoire et qui ne relèvent pas des structures d’insertion de type CHRS ni d’un logement autonome.

Il est important de rappeler que la maison relais ne s’inscrit pas dans une logique de logement temporaire mais bien d’habitat durable, sans limitation de durée, et offrant un cadre semi collectif valorisant la convivialité et l’intégration dans l’environnement social.

La maison relais constitue une modalité particulière de résidence sociale, régie par les articles R. 353 et suivants du code de la construction et de l’habitat et la circulaire n° 965733 du 17 décembre 1996. Elle ouvre droit au bénéfice de l’allocation personnalisée au logement (APL).

II. Caractéristiques des maisons relais

Il s’agit de structures de taille réduite, associant logements privatifs et espaces collectifs favorisant les relations de la vie quotidienne entre les résidents et avec les hôtes, qu’il convient de rapprocher le plus possible du mode de fonctionnement et de vie d’une maison ordinaire.

L’hôte ou le couple d’hôtes

Ils jouent un rôle primordial d’animation et de régulation de la vie quotidienne de la maison. De par sa qualification qui peut être diverse, conseiller(ère) en économie sociale et familiale (CESF), assistant de service social, AMP (aide médico-psychologique) ou par leur expérience reconnue dans le champ de l’accueil et de l’insertion des personnes en difficulté, ils doivent être d’abord à l’écoute des pensionnaires en assurant une présence quotidienne auprès d’eux.

A ce titre, et en plus de l’organisation quotidienne de la vie de la maison relais, ils doivent :

  • définir conjointement avec les résidents les modalités de la vie collective ;
  • animer les espaces et les temps communs à tous les pensionnaires avec un principe de réunion périodique avec les pensionnaires, indispensable à la régulation de la vie de la maison et moment privilégié pour les animations et/ou les activités communes ;
  • faciliter les relations entre les résidents ;
  • savoir être à l’écoute pour pouvoir faire face aux difficultés d’ordre individuel ou collectif ;
  • maintenir, le cas échéant, les contacts avec les services qui ont orienté le pensionnaire vers cette structure ;
  • organiser les liens avec l’environnement local de la maison : mairie, services sanitaires et sociaux, équipements publics, structures d’animation et de loisirs ainsi que le voisinage de la pension, pour l’ouvrir au tissu social de proximité.
    Enfin, l’hôte (ou le couple d’hôtes) peut également avoir en charge, en liaison avec l’association gestionnaire, des tâches de gestion locative quotidienne parmi lesquelles : l’admission des nouveaux pensionnaires, la surveillance et le maintien du bon entretien des logements et des espaces collectifs, la perception de la redevance et, le cas échéant, le suivi des plans d’apurement des dettes locatives et le respect du règlement intérieur.

Compte tenu du rôle de l’hôte (ou du couple d’hôtes) et de l’ensemble de ses tâches, il n’est pas envisageable que son temps de travail journalier soit inférieur à la demi-journée.

Le projet social

L’élaboration du projet social doit se situer très en amont de la définition du projet de création et permettre d’en préciser les grandes caractéristiques. Il doit en effet susciter une démarche partenariale de l’ensemble des acteurs concernés pour définir les conditions de sa réalisation sur le plan technique et financier (investissement, fonctionnement et politique de redevances) en fonction des caractéristiques des publics accueillis.

Le projet social doit viser à l’intégration de la structure dans l’environnement social et faciliter l’articulation avec les acteurs locaux.

Il définit les publics à accueillir et leurs besoins. Ces publics devront présenter, autant que possible, des profils et des parcours suffisamment variés pour dynamiser la vie sociale interne à l’établissement et favoriser son ouverture sur l’extérieur.

Toutes les personnes accueillies, qui, au demeurant, ne nécessitent pas forcément un accompagnement social lourd, peuvent continuer à être suivies par le service social ou médico-social qui les a orientées vers la maison relais. Si tel est le cas, et compte tenu du profil des populations accueillies et de leur parcours, le partenariat local d’intervention sociale avec les services sociaux de secteur sera alors formalisé.

Il doit en aller de même pour les personnes ayant des problèmes psychiques pour lesquelles un partenariat avec les secteurs et intersecteurs psychiatriques devra être organisé.

Le financement

1. Le financement de l’investissement

S’agissant d’une résidence sociale, le financement de l’investissement sera assuré en prêts locatifs aidés-insertion (PLA-I).

En outre, les financements issus de la participation des employeurs à l’effort de construction (PEEC) ainsi que ceux en provenance des collectivités locales, des caisses d’allocations familiales ou des caisses de la mutualité sociale agricole seront utilement recherchés pour adapter au mieux le montant de la redevance à la capacité contributive des pensionnaires et en tenant compte du pouvoir solvabilisateur des aides personnelles au logement.

2. Le financement du fonctionnement

Il s’agit essentiellement du financement de l’hôte ou du couple d’hôtes. La participation de l’Etat, financée sur les crédits du chapitre 46-81, article 20 du budget du ministère des affaires sociales, du travail et de la solidarité, est plafonnée à 8 euros par jour et par place. Compte tenu de la spécificité des publics accueillis, il y a lieu de rechercher la participation de cofinanceurs, notamment les collectivités locales.

III. Conclusion : l’inscription du programme « maison relais » dans le dispositif départemental d’accès au logement

La maison relais, du fait de la spécificité des publics accueillis, constitue l’une des réponses possibles aux besoins locaux recensés par les plans départementaux pour le logement des personnes défavorisés (PDALPD). Ces plans constituent, en effet, le lieu de convergence et d’initiative pour la mise en œuvre du droit au logement et assurent l’articulation des divers dispositifs départementaux en la matière.

C’est pourquoi le recours à ce type d’établissement doit être l’objet d’une évaluation fine des besoins et des réponses à apporter localement en terme de structures adéquates répondant aux problématiques des publics du plan, au même titre que les résidences sociales de droit commun, les foyers pour personnes âgées ou adultes handicapés ou les CHRS.

Nous attachons une importance particulière à ce nouveau programme. Il doit permettre de faire évoluer les modes de prise en charge des personnes, encore trop souvent condamnées à la fréquentation répétitive des structures d’hébergement provisoire, vers des dispositifs leur assurant un accueil durable ; il est la condition première de leur réinsertion dans le tissu social.

Le ministre des affaires sociales,
du travail et de la solidarité,

F. Fillon

Le ministre de l’équipement, des transports,
du logement, du tourisme et de la mer,

G. de Robien

La secrétaire d’Etat à la lutte
contre la précarité et l’exclusion,

D. Versini

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Annexe technique

Les caractéristiques techniques de la maison relais

Il doit s’agir de petites structures comportant au moins dix logements et pas plus de vingt-cinq, composées essentiellement de type 1, équipés pour permettre aux pensionnaires d’avoir un minimum d’autonomie.

Le type de bâti peut être très diversifié mais il doit contribuer à la qualité de la vie de la pension elle-même et à son intégration dans l’environnement local.

Pour ce faire, vous envisagerez l’acquisition d’anciennes grandes maisons individuelles ou de bâtiments susceptibles d’être reconvertis en logements, situés plutôt en centre-ville ou en centre-bourg, à proximité de commerces, orientés sur la vie de quartier et offrant une liaison aisée avec les services sociaux de secteur.

Ces bâtiments comporteront des espaces collectifs : salle de réunion ou de télévision et, le cas échéant, un jardin ou une cour. Vous veillerez à la bonne articulation entre espaces collectifs et privatifs pour permettre d’assurer la convivialité de la pension de famille gage de stabilité pour les pensionnaires mais aussi compte tenu des caractéristiques de la structure qui est de favoriser le lien social.

L’agrément préfectoral

La maison relais peut être gérée directement par le propriétaire ou par un gestionnaire ayant reçu l’agrément préfectoral de type résidence sociale attestant de :

- son aptitude à assurer la gestion de ce type de structure sous les angles sociaux, techniques et financiers ;

- sa compétence dans le suivi des publics en difficulté.

La redevance et l’APL

Compte tenu de leur mode de financement, les maisons relais feront l’objet d’un conventionnement APL. Vous veillerez tout particulièrement à ce que le taux d’effort demandé aux résidents soit compatible avec leurs ressources en recherchant la modération dans le niveau de redevance pratiqué, notamment pour la partie « prestation » qui s’ajoute à l’équivalent loyer et charges locatives. En effet, l’APL applicable est l’APL-foyer.

Son montant ne couvre jamais à 100 % le montant de la redevance demandée aux pensionnaires puisque la rémunération des prestations fournies n’est pas prise en compte dans le calcul. Vous devrez en tenir compte pour vous assurer que le reste à charge global reste équitable par rapport à celui de personnes logées en logement ordinaire. En effet, ces publics disposent de ressources limitées qui peuvent être constituées de revenus de transfert (AAH, RMI, pension) et qui ne dépassent pas les plafonds PLA-I.

Les services de la DDE et de la DDASS analyseront à cet effet avec une attention particulière les bilans annuels qui leur sont transmis par les gestionnaires des maisons relais. Ils veilleront, en particulier, à ce que les prestations soient clairement identifiées et leurs coûts bien définis afin d’éviter que celles-ci ne fassent l’objet d’une double prise en compte au titre de la redevance et au titre du financement de l’hôte ou du couple d’hôtes.

La validation des projets et l’instruction des dossiers

Les projets seront validés au niveau local, par un comité régional composé d’un représentant du préfet de région à qui les dossiers seront adressés, d’un représentant du directeur régional de l’équipement et d’un représentant du directeur régional des affaires sanitaires et sociales.

Le montage du dossier doit impérativement être assuré en étroite concertation entre le comité de pilotage du PDALPD et les promoteurs du projet. Cette concertation doit permettre d’affiner le contenu du projet social et les caractéristiques techniques de la maison relais et d’arrêter le dispositif financier et économique le mieux adapté pour permettre sa faisabilité et en assurer la pérennité.

Les autres partenaires concernés par le projet : collectivités locales, financeurs, autres que l’Etat et le conseil général, ainsi que les organismes susceptibles, soit de présenter des candidats en tant que futurs pensionnaires, soit d’offrir des solutions de relogement définitives ultérieures, seront également associés, en tant que de besoin, au montage du dossier.

Une synthèse nationale sera réalisée au terme du programme, à partir de l’analyse des projets retenus localement, conjointement par la DGAS et la DGUHC. Cette synthèse mettra en évidence l’originalité des projets, les points positifs et les difficultés que leur réalisation et/ou leur fonctionnement auront pu engendrer.

L’attribution des logements

Compte tenu de la nature du projet et de l’importance à parvenir à un peuplement équilibré de la maison relais, les règles d’attribution des logements feront l’objet d’un accord entre :

  • le gestionnaire ;
  • l’ensemble des réservataires ;
  • les services qui auront orienté vers la maison relais les futurs pensionnaires.
    Le bilan annuel établi par le gestionnaire comportera obligatoirement un état des différentes attributions pratiquées dans l’année.